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CHRONIQUE : Taiwan Mc « Special Request »

Taiwan MC est de retour avec « Special Request »

Taiwan MC revient fidèle à lui-même avec « Special Request », son second album sorti le 16 octobre sur Chinese Man Records. Dancehall, reggaeton, dub, trip hop et rap, le MC parisien a opté pour la carte de la diversité. Influencé par ses pérégrinations sur le continent sud américain, Taiwan MC réchauffe les coeurs sans toutefois révolutionner sa recette.

Un deuxième album éclectique pour Taiwan MC

Pour son deuxième album “Special Request”, Taiwan MC a joué la carte de la versatilité. Autant à l’aise avec son phrasé ragga qu’avec ses lignes mélodieuses, le MC de Chinese Man démontre l’étendu de son talent sur 14 tracks qui font voyager entre la Jamaïque et l’Amérique du Sud. L’album est fidèle à l’artiste, multicolore et vitaminé. Beaucoup plus axé sur des sonorités digitales que son premier album “Cool & Deadly”, les productions sont arrangées et mixées par son acolyte SOAP qui va puiser majoritairement dans le dub et dans le dancehall avec une touche de bass music.

Special Request” n’est pas un album totalement inédit puisque on y retrouve les deux bombes “Let the Weed Bun” et “Nah Leave Me Corner” tiré de son dernier EP sorti en 2019, mais aussi “One Last Dance” en featuring avec Anouk Aiata, déjà sur les plateformes depuis 2014. En revanche, les onze autres morceaux amènent de la fraicheur dans la discographie du parisien. Le MC s’est entouré de têtes déjà connues comme Bony Fly à la production sur “Life Ain’t Easy”, et de feat de qualité avec Paloma Pradal sur “Colombian Gyal”. Taiwan MC rend aussi hommage aux helders avec une chanson teintée rub-a-dub avec “Hot today” et “Sunshine” une petite ballade dub qui sonne comme un hommage à une certaine chanson solaire de Roy Ayers.

De Yellowman à Cypress Hill 

L’apothéose de l’album, c’est certainement “Boomshakalaka” en featuring avec Miscellaneous, la moitié de Chill Bump. La track signale bien que l’album est sorti sur Chinese Man Records : une batterie boom bap sur un excellent riddim dub d’Inch. Une vibe qui fait penser à “Be Careful” de Matthew Mcanuff avec des choeurs qui nous rappelle à quel point le reggae s’est aussi nourri de la soul américaine.

.Mais il faut revenir brièvement sur la carrière de Taiwan MC pour bien comprendre “Special Request”. D’abord son passé de toaster de drum & bass à Paris, le fameux morceau “Miss Chang” qui a confirmé sa place au sein de Chinese Man après plusieurs années à tourner avec le crew d’Aix-en-Provence. Puis ses 2 EP “Disko Dub” en 2014 et “Heavy This Year” en 2013, et le titre”Catalina” suivi d’un EP de remix qui a lancé sa carrière en Amérique latine. De toutes ces aventures, le MC a bâti un son qui prend ses racines entre Cypress Hill, Yellowman et Mala des DMZ.

Taiwan MC se fait plaisir avec ce nouveau projet

Bien qu’il prenne de l’épaisseur au fil des écoutes, “Special Request” s’apparente plus à un éventail des capacités vocales assez hallucinantes du rappeur plutôt qu’à un album que l’on suit track par track. Évolution logique face à un format vieillissant ? Possible, en tout cas il est probable que Taiwan MC de part son expérience de musicien live aille conçu cet album comme une palette d’humeurs et d’influences. La superbe cover de l’album de Julien “Ouikid” Loïs l’annonce clairement; une planche de BD représente les différentes facettes de l’album avec un lettrage et des illustrations pour chaque morceau. Les animations de Grid Boy et Kong, permettent de tisser un lien graphique entre toutes ces ambiances.

Plus axé sur la musicalité de ses flow que la profondeur de ses paroles, les textes de Taiwan MC ont l’avantage d’être clairs. Entre exaspération face aux dirigeants capitalistes et totalitaires (Mr. Babylone), déclaration d’amour (Sunshine) ou encore ode à l’herbe libératrice (Let The Weed Bun), le rappeur vise un public large. C’est d’ailleurs la petite déception de l’album, la prise de risque est assez faible. A part Liquidity, sublime track rappelant le trip-hop de Bristol des années ‘90, celui du premier album de Massive Attack, Blue Lines, peu d’ambiances auxquelles Taiwan MC ne s’était pas déjà frotté. On sent à travers l’album que le désir n’était pas de surprendre mais plutôt de faire plaisir à sa communauté. Comme il le dit d’emblée sur “Hold it Down” : ”If I put a smile upon one face, for me its like I saved the whole human race” – « un sourire sur un visage me suffira pour avoir l’impression d’avoir sauvé la race humaine ».

By Senaar Team Selecta KZA

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