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CHRONIQUE : « Babylon », un plongeon dans le reggae UK et l’Angleterre raciste des années 70


« Babylon » est un film culte dans le milieu du reggae. Ce film réalisé par Franco Rosso s’attaque au racisme et à la haine que vivaient les noirs du quartier londonien de Brixton à la fin des années 70. « Babylon » va être censuré en Angleterre et interdit aux États-Unis. Pour son 40ème anniversaire le film fait sa sortie pour la première fois en France. Un film historique qui n’a jamais été autant d’actualité.

Franco Rosso, une filmographie engagée 

Franco Rosso commence comme assistant avec le réalisateur anglais Ken Loach. Il participe aussi en tant que monteur au documentaire Reggae. Néanmoins toutes ses réalisations vont être censurées comme Mangrove Nine ou son portrait du poète et chanteur Linton Kwesi Johnson, Dread Beat and Blood (1979). Avec Babylon, Franco Rosso délivre un message brut, direct et sans concessions vis-à-vis du racisme. Tout au long du film nous suivons le quotidien de Blue alias Brindsley Forde (Aswad) le toaster du sound Ital Lion. Avec ses amis Beefy, Errol et Lover ils préparent leur sono fait maison pour devenir le sound system le plus connu d’Angleterre. Mais pour cela ils devront avant tout affronter en clash la légende du sound, Jah Shaka et lui piquer la couronne.

Toutefois dans un pays en pleine crise sociale où le racisme est maître, Jah Shaka ne vas pas être le seul obstacle à affronter. Le chômage, les violences policières et les voisins racistes sont la réalité de cette jeunesse rejetée, stigmatisée et violentée. Cette oppression et ce racisme permanent, voire omniprésent, emmène peu à peu Blue à céder à la violence, et à la tolérer. Le périple de Blue décrit frontalement un racisme systémique qui témoigne d’une société malade et ignorante. Babylon est aussi un instant T de toute la scène sound system jamaïcaine et afro-caribéenne de Londres vers 1979-80. Le spectateur est immergé au plus près de la scène anglaise des sounds au travers des artistes qui l’ont façonné et la font vivre depuis plus de 40 ans, comme Jah Shaka.

Babylon, un manifeste anti-racisme

Babylon est un signal d’alarme porté par une bande son d’exception signée Dennis Bovell (il faut absolument que vous écoutiez cette BO). Mais ce signal a été ignoré volontairement, laissant prospérer toutes les conséquences que nous connaissons aujourd’hui. En regardant le film on s’aperçoit que rien n’a changé, que notre monde est tout aussi divisé que la quartier de Brixton en 1979.

En effet les violences policières sont toujours d’actualité et des mouvements tels que Black Lives Matter s’époumonent pour essayer de se faire entendre. On a accusé le film « Babylon » d’inciter à la haine raciale, mais contrairement à une société qui a décidé de détourner le regard, ce dernier s’en inquiète et s’y attarde. Avec « Babylon », Franco Rosso lance un signal d’alerte qui n’a rien perdu de sa vigueur, bien au contraire, entre en écho avec l’actualité de 2020.

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