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Lyrics & Culture #5 : UK Reggae – Prince Hammer « Brixton Trial and Crosses » by James Danino

Lyrics & Culture #4 : Roots Reggae – Prince Hammer « Brixton Trial and Crosses » by James Danino

Il y a toujours eu un lien entre la Jamaïque et l’Angleterre, en effet de 1655 à 1962 la Jamaïque est une colonie Anglaise. Après la seconde guerre mondiale, l’Angleterre fait appel aux ressortissants de ses colonies pour venir reconstruire le pays et occuper de nombreux emplois, le plus souvent subalternes.

Les sound-systems débarquent en Angleterre 

C’est au cours de cette vague migratoire que la musique Jamaïcaine, et par extension les sound-systems, débarquent en Angleterre. Les premiers sound-systems voient le jour en Angleterre à la fin des années 50 avec des sounds tels que Duke Vin et Neville The Musical Enchanter à Londres ou encore Quaker City à Birmingham. L’accueil qui est réservé aux immigrés Jamaïcains est plus que mitigé et le racisme fait partie de leurs quotidiens. A l’instar de la Jamaïque à la même période la musique Jamaïcaine n’est pas jouée à la radio et aux debuts il n’y a aucun club ni boite de nuit qui accepte de diffuser cette musique ni d’accueillir ces sound-systems. C’est pourquoi les premières années, les sound-systems se produisent dans des « blues party » ou « shubeen ». Ces rassemblements ont lieu dans des maisons de particuliers qui, pour l’occasion, vident plusieurs pièces pour y mettre des enceintes et des tables pour vendre nourriture, boisson et parfois de l’herbe.

Une scène locale essentiellement constituée d’artistes immigrés se crée et au fil des années de plus en plus d’artistes Jamaïcains viennent s’installer, au moins provisoirement, en Angleterre. Cette migration concernera des artistes aussi connus que Bob Marley dans les années 70, qui s’installe à Londres pendant un an après avoir subit une tentative d’assassinat à Kingston. Le DJ, et parfois chanteur, Prince Hammer fait de même et vient s’installer à la fin des années 70. Souvent les artistes qui viennent habiter en Angleterre produisent moins de musique une fois sur place et ceux qui réussissent à faire des hits sont peu nombreux. Ce sont les événements locaux qui seront à l’origine de ce hit « Brixton Trial and Crosses » de Prince Hammer.

L’Angleterre et le racisme 

En effet Brixton, au sud de Londres, est un des principaux quartiers où s’installent les Jamaïcains qui arrivent à la capitale. Le racisme auquel fait face les immigrés ne s’estompe pas avec le temps et il est présent dans toutes les couches de la société, particulièrement au sein de la police. En effet les arrestations sans raisons valables, les contrôles à répétition, la violence policière qui va jusqu’à la mort de nombreux noirs dans les commissariats est malheureusement monnaie courante dans les années 70 et 80. Cette pression ne cessera d’augmenter jusqu’à qu’un jour à Brixton le fait-divers de trop impliquant la police devient la goute qui fait déborder le vase. Des émeutes ont lieu à Brixton qui s’étendront rapidement à de nombreux quartiers dans les grandes villes du pays telles que Bristol, Liverpool ou encore Manchester. C’est de ces événements que nous parle Prince Hammer ici. Alors que le plus souvent les Rastas ne font pas l’apologie de la violence, dans ce morceau Prince Hammer se réjouit et félicite les jeunes de Brixton d’avoir remporté un combat juste à l’aide de cocktails molotovs.

Pour lui les tribulations (Trials and Crosses) auxquelles font face les immigrés sont évidentes à voir et ces émeutes n’en sont que le résultat justifié. Avec le recul on peut constater que ce sont ces émeutes, particulièrement violentes, qui impulseront des changement radicaux dans la manière dont la police interagit avec les immigrés. Si les émeutes elle même ne peuvent pas changer les mentalités des racistes, elles obligent le pays à prendre conscience des injustices criantes et des abus policiers systémiques qui finissent trop souvent par des condamnations injustes, des brutalités terribles et dans le pire des cas des morts aux mains des policiers.A partir de là s’engage une série de réformes dans la police qui font qu’aujourd’hui, si le racisme existe toujours chez certains policiers, il y a bien moins de contrôles abusifs, bien moins de brutalités et bien moins de morts du fait des actions de la police. Cela dit le problème est loin d’être entièrement réglé et une preuve en est la mort lors de son arrestation de l’artiste Smiley Culture en 2011. D’après les forces de l’ordre, il se serait poignardé lui même lors de son interpellation. On peut toutefois dire que les émeutes qui ont secouée le pays en 1981 ont été un facteur principal dans une amélioration de la situation.

Prince Hammer « Brixton Trial and Crosses »

Français :

Qu’est ce que je dis
Tu n’a pas besoin de lunettes
Pour voir les tribulation et les épreuves auxquelles je fais face
Qu’est ce que je dis, qu’est ce que je fais
Les jeunes à Brixton
Je dis qu’ils ont remporté un juste combat
Les jeunes à Brixton
Je dis qu’ils ont remporté un juste combat
Ils ont balancé des cocktails molotovs à droite et à gauche
Je dis que ce combat c’était un combat racial, monsieur
Car il était entre les noirs et les blancs, monsieur
Et donc on va le dire en parabole
Les jeunes à Brixton
Je dis qu’ils ont remporté un juste combat
Les jeunes à Brixton
Je dis qu’ils ont remporté un juste combat
Ils ont balancé des cocktails molotovs à droite et à gauche
Je dis qu’on ne cessera de se battre
Jusqu’à que notre nation noire soit libre
De la satané douleur et misère babylonienne
Et donc on va le dire en parabole
Qu’est ce que je dis, qu’est ce que je fais
Seigneur Dieu ils veulent m’enrager
C’est un style meurtrier

Anglais :

Ah weh me say
You don’t need no glasses
Fi see me trial and crosses
Ah weh me do, ah weh me say
The youth them inna Brixton
Say them win a good fight
The youth them inna Brixton
Me say them win a good fight
Them fling gas bomb left and right
Say that deh fight there was the racial fight sir
Because it involve the black and the white sir
So make we chat it inna parable
The youth them inna Brixton
Say them win a good fight
The youth them inna Brixton
Me say them win a good fight
Them fling gas bomb left and right
Say we nah go stop fight till we black nation free
From babylon wicked pain and misery
So make we chat it inna parable
Ah weh me do, ah weh me say
Lord God them want fi get me mad
Murder styleeOn se retrouve dans deux semaines pour continuer notre exploration des racines musicales de la Jamaïque, alors restes connecté pour un nouveau numéro de Lyrics & Culture ! Une traduction par James Danino. Si vous voulez découvrir de nouvelle traduction de James Danino, rendez-vous sur : Wisdom Knowledge Understanding. Pour soutenir le travail de James Danino participez en ligne à sa campagne Tipee : SirJamesTipee. Et si vous voulez le contacter c’est par ici : SirJamesReggae.

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